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Le vide politique, la république du renoncement
20 décembre 2016

Valls à 2 temps

VALLS A DEUX TEMPS      

                     

Notre cher Manuel Valls, matador catalan, devenu Premier Ministre dans les arènes de la République, saura-t-il toujours nous faire valser sur le parquet du dancing politique de cette Marianne malmenée ?

 

File:La Walse.jpg       Premier temps de la valse

 Tel le jeu de rôle d’une corrida, nous avons dansé durant ce quinquennat : Valls le toréador, et nous le bétail à cornes. Sa cape d’un rose très  pâle, servait de leurre politique, son apparat ressemblait au burkini et ses ballerines de matador taillaient 49-3 à son pied. Il n’a reçu, ni la queue, ni les oreilles du taureau, tout juste un bouquet de roses fanées, les préférées de J.C. Cambadélis. La valse du « maestro » a fini par éteindre les applaudissements de son public. Alors, le maître est sorti de l’arène romaine, il a quitté le parquet du dancing pour retrouver le plancher des vaches, terrain favori des Gaulois. Sa décision est prise : « Premier Ministre je démissionne, Président je serai ». L’audace d’un Catalan !

 Il est donc candidat à la primaire du P.S. pour concourir à l’élection du poste suprême : ce poste qui permet au Président de la République - de voyager à tout moment, en yacht de luxe, en scooter ou en hélicoptère - de présider les conférences qui lui conviennent – de jouer à la bataille navale dans les déserts d’Afrique et du Levant – d’abriter de nouvelles compagnes dans les alcôves de l’Elysée…tel le « Prince charmant » de Charles Perrault.

 Manuel Valls, est-il sûr d’être en 2017 l’heureux élu de la Nation ? Et qui peut le faire roi ?

 Dans ces batailles électorales qui s’annoncent, ne veut-il pas retrouver et se rallier les « sans dents », les « sans papiers », les « sans logis », les « sans le sou »,  les « sans familles », les « sans diplôme », en somme, tous les « sans espoirs », tels les « sans culotte » de 1789 ? Ce monde, qu’il perçoit « sous éduqué », « sous alimenté » et « sous la barre du seuil de pauvreté », redevient sa quotité électorale, son capital politique.

 N’aura-t-il pas également besoin de la complaisance de cette catégorie très distinguée, les « sent bon », ceux qui savent reconnaître les fragances de Guerlain, Dior, Hermès, Chanel… ? Il ménagera les « sans scrupules », ceux qui s’enrichissent à ne rien faire… Il flattera les « sans gène », ces bourgeois aux 4X4 qui veulent sauver la planète, et ces grands agriculteurs qui la polluent aussi… Puisque Sarkozy le Hongrois a réussi l’épreuve, n’espère-t-il pas réveiller le soutien de cette multitude de Français, comme lui, venus d’autres pays et d’autres continents, comme lui et qui sont d’authentiques républicains nationaux.

  Mais est-il sûr d’être, en 2017, l’heureux élu de la Nation, quand dans chacune de ces catégories, le nombre de mécontents dépasse le nombre de satisfaits, pour la continuité du quinquennat « Hollande » ?

 S’il a été le majordome d’un maître qui se retire piteusement, il proclame son nouveau credo :

Il ne sera ni le sosie, ni la doublure de François Hollande. Il est comme le Beaujolais qui se rénove, il est le  « Valls Nouveau ». Son passage à Matignon n’est pour lui qu’une ombre à son tableau. Or chacun sait que l’ombre n’est que le modèle assombri d’un personnage éclairé et l’ombre disparaît quand la lumière s’éteint.

 Molière écrivait : « Mais aux ombres du crime on prête aisément foi ».

 La rédemption politique influence-t-elle la nouvelle stratégie de Manuel Valls ? Il écrit un programme sans ombres, un renouveau total. Et la première de ses promesses est l’abandon du fameux 49-3 : il ne veut plus taire la vox populi dans l’arène parlementaire. « Cette corrida sera bannie : l’usage du 49-3 doit disparaître, les représentants du peuple décideront des lois ». Voilà pour les députés, militants ou sympathisants socialistes qui seraient récalcitrants à le suivre. C’est une ambiance de 18 brumaire.

 Pour le reste de son nouveau programme, il trouvera les formules qui ne réveillent pas les cauchemars du quinquennat, lorsqu’il était l’édile et serviteur de son mentor, François Hollande, Maître de l’esquive et du scooter… Car certaines mesures politiques ont eu un impact démobilisateur dans l’opinion publique de gauche : le CICE (40 milliards à l’employeur), le Pacte de Responsabilité (idem), le blocage des retraites (4 ans), la hausse du chômage (35%) et surtout la loi « connerie » pour mieux soumettre et fléchir le monde salarié(e)… On désole ses soutiens populaires à trop satisfaire les mœurs des nantis.

 « Il prit les mœurs des Perses pour ne pas les désoler »… précisait Montesquieu.

 Comment Valls pourrait-il surmonter cette montagne de reniements ? Croit-il vraiment au don de l’ubiquité politique ? Pense-t-il sincèrement que le « peuple de gauche » le recevra comme un nouveau messie ? Non, Manuel Valls ne surmontera pas, n’y croira pas et ne pense pas à la victoire de 2017. Il se prépare pour la Présidentielle de 2022.

Deuxième temps de la valse

 Manuel Valls ne sera pas le Président élu. Perçu d’abord comme l’affidé, il devient l’héritier de François Hollande et portera seul le fiasco du quinquennat dans la bataille iconoclaste qui se prépare.

 Si Corneille nous suggère que « Rome ignore encor comme on perd des batailles », le fougueux catalan reprendra du même auteur « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Le bilan du quinquennat passé n’offrira pas la gloire à Manuel Valls. Et contrairement à Sarkozy, il veut tirer sa gloire d’une prochaine défaite aux élections présidentielles, qui devrait effacer son bilan, et le propulser vers l’élection suivante.

 Le calcul est malin et n’est pas utopique :

 -         La politique pratiquée par le tandem Hollande-Valls a déboussolé les courants de la pensée politique par ses orientations libérales : pas de salut pour la France sans l’accroissement de « l’offre du Marché » - nulle réussite sans l’Europe - pas de progrès sans distribution de capitaux aux entreprises pour créer de l’emploi - nulle dynamique sans restreindre les règles du Travail - pas de compétitivité sans la mondialisation - nulle solution internationale sans Bonn et Washington…etc.

 -         Avec un bilan quinquennal aussi peu conforme aux engagements pris, la gauche ne peut que partir éparpillée aux élections de 2017 et laisser la droite et l’extrême droite s’affronter au 2ème tour des Présidentielles

 -         Devant les abandons du gouvernement Hollande-Valls, la droite rassemblée arrivera très probablement au pouvoir et croit pouvoir durcir la politique de la France, purger l’économie des obstacles sociaux…

 Le vide politique a réveillé les ambitions, petites, grandes et grossières. Les primaires et l’élection présidentielle se transforment en casting à répétition, en vide-grenier des ambitieux, en surenchères dangereuses.

 Valls sait bien que le terreau politique peut lui être favorable : après la mise en friche de la société par l’équipe sortante, quinquennat qui sera suivi d’un labourage profond de la droite durant 5 ans. Misant sur un futur rejet, Valls pourrait ouvrir une nouvelle alternative à gauche en 2022. En se mettant au centre de la Primaire socialiste, à présent, il jalonne son terrain pour la reconquête et nous invite à danser le Menuet en glissant par petits pas à gauche.

 

Voltaire avait raison : « Quiconque est soupçonneux invite à le trahir »

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
M
ok avec toi, charlicote, belle histoire. plus ton email perso contacte-moi.<br /> <br /> La petite José de Ris
Répondre
Le vide politique, la république du renoncement
  • Les situations et les hommes politiques côtoient souvent le néant. Ils promettent pour tenter d'accéder au pouvoir, mais grâce aux médias, aux renoncements, aux imprévus événementiels, ils inventent les diversions qui justifient leurs renoncements.
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