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Le vide politique, la république du renoncement
17 février 2016

PRIMAIRE A GAUCHE OU PAS?

François Hollande, va-t-il se représenter? . Il est un candidat si "légitime", si "naturel"...

Faut-il une nouvelle primaire du "peuple de gauche"? Une primaire n'est pas le lieu des transformations de la société, c'est le lieu de la cartellisation des courants politiques...

 

François Hollande n'est certainement pas disposé à quitter les ors de la République, ni à offrir à (sa) Julie, la vie tranquille d'un couple qui se construit. Il ne faut pas être un grand devin pour imaginer qu'il sera de nouveau candidat.

 Comme tout chef d'Etat, il tente après chaque événement de rebondir dans l'opinion pour reconquérir sa "légitimité" et le statut "naturel" de candidat. Les événements lui suggèrent beaucoup d'agitations : en politique extérieure, ce sont les interventions en Afrique, les bombardements en Syrie, l'embargo pour la Russie, les amours franco-allemands, la COP, les sorties sur le porte-avions Charles de Gaulle...  En politique intérieure, ce sont les 3 mois de débats inutiles sur la déchéance de nationalité (la loi existe déjà), le pacte de responsabilité/ version MEDEF (bientôt 100 milliards d'Euros), Notre-Dame des Landes (un référendum exutoire), et puis surtout une ambiance sécuritaire, très opportune dans le panorama social dévasté (plus de 5 millions de chômeurs)...

 "Prétendrais-tu nous gouverner encor, ne sachant pas te conduire toi-même?" Ah! La Fontaine, quel visionnaire! (1)

 Vainqueur de la primaire socialiste, notre Président avait obtenu sa légitimité quinquennale en 2012, après un scrutin primitif (la Primaire). N'avait-il pas signer un contrat avec les électeurs de gauche : le monde de la finance, le chômage, la dette, le social,... Si ce n'est une transformation de la société, le "peuple de gauche" attendait, pour le moins, des améliorations.

 A lui seul, le "mariage pour tous" ne fait pas un projet de gauche, ni la réforme des collèges, ni la Xème loi sur la transition énergétique, ni la loi sur le non cumul des mandats (bien mal appliquée), ni d'autres réformes inoffensives. Nous avons assisté à des déclamations insolites "j'aime l'entreprise", "jeunes devenez millionnaires", "trouver un emploi, c'est chercher des clients", et puis "l'Europe" utilisée comme joker dans cette politique d'abandon...c'est le vide politique, et cela ressemble au programme de la 2ème année de l'E.N.A.

 

Faut-il une nouvelle primaire du "peuple de gauche"?

 

Après l'ambiance "brocante" de la 1ère primaire socialiste, organiser une nouvelle primaire du "peuple de gauche"risque de devenir un "vide-grenier des idées" animé par les rescapés de la gauche, du moins, ceux qui n'apportent plus leur soutien au Président batave. Il ne faut pas oublier qu'une primaire n'est pas le lieu des transformations de la société, c'est le lieu de la cartellisation des courants politiques dominants. Elle n'a pas éviter les mécanismes de notre Constitution présidentialiste et de la magie illusionniste de la politique. Elle n'a révélé que la concurrence manifeste des ambitions politiques, auprès d'un public politiquement réceptif.

 C'est Manuel Valls - il avait recueilli des miettes lors de cette 1ère "primaire" - qui conduit depuis 2014, le soi-disant programme du "peuple de gauche"annoncé par François Hollande. Programme qui assure une remarquable continuité avec celui de son prédécesseur. Voilà déjà un résultat objectif de cette phobie néo-américaine (la primaire). Le vainqueur d'une primaire ne signe aucun serment sur l'honneur. Au contraire, la primaire libère son vainqueur de toutes formes de tutelles, y compris celle de son parti, et donc, elle augment le phénomène "présidentialiste" de la politique nationale.

 Si François Hollande tenait un stand du "vide-grenier des idées", soit une nouvelle primaire, il perdrait définitivement toute crédibilité. Il ne pourrait pas ressortir son ancien dicton, "la finance a tous les pouvoirs", puisqu'il s'est appuyé sur elle pour s'en sortir. Les Ministres, qui ont tenté de résister à la droitisation de ses actes, ont été évincés. Les écologistes qui ont été débauchés moyennant un minimum d'allégeance ont été intégrés au gouvernement.

 Puisque la primaire socialiste de 2012 n'a rien changé aux pratiques politiques en général, son impuissance a augmenté le nombre de citoyens qui penchent vers le dicton "tous pourris", ces citoyens qui rechignent pour voter, qui punissent la classe politique en lorgnant vers le Front National.

 Une nouvelle primaire ne ferait que désavouer l'intérêt que celle de 2012 avait suscité auprès de l'électorat, puisque Hollande, donné perdant (primaire et présidentielles), a gagné les 2 scrutins cette année-là. Non, François Hollande n'ira pas à Canossa, il n'a plus besoin d'une primaire. Cette fois, il sera  candidat naturel du "peuple", certainement soutenu par son parti, et non du "peuple de gauche", parole qu'il ne pourra plus usurper. François Hollande ne risque pas de se retirer de la course : il signerait fatalement son échec. Il est un candidat si "légitime", si "naturel"... disent ses affidés. Et qu'en pense Fleur Pellerin, aujourd'hui?

 

- Supposons qu'une nouvelle primaire de gauche finisse par dégager un candidat authentiquement représentant du" peuple de gauche". Et que cette femme, ou cet homme, se retrouve en concurrence dans le scrutin présidentiel avec le Président sortant.

 - Et supposons aussi qu'il n'y ait pas d'autre candidat représentant du "peuple de gauche" et que le Président sortant se représente.

 

Il n'est pas difficile de parier que dans les deux cas la défaite serait assurée pour ces candidats. Mais dans le 1er cas, Hollande pourra justifier sa défaite en annonçant à son challenger de gauche : "je n'ai pas perdu, c'est vous qui m'avez fait perdre". On a déjà entendu cette prophétie après les présidentielles de 2002.

 Une majorité de citoyens a besoin qu'on débatte de l'avenir de la société et du leur. Ils attendent plus d'actes concrets. Les médias nous inondent de bavardages politiques qui ne font qu'amplifier la méfiance. Une primaire parallèle, pourra-t-elle éviter d'être également perçue comme un casting aux propos verbeux? Est-elle en mesure de combler le vide politique et cette République du renoncement?

 

Charlicote

 (1) "Le renard, le singe et les animaux" J. de La Fontaine

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Le vide politique, la république du renoncement
  • Les situations et les hommes politiques côtoient souvent le néant. Ils promettent pour tenter d'accéder au pouvoir, mais grâce aux médias, aux renoncements, aux imprévus événementiels, ils inventent les diversions qui justifient leurs renoncements.
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